comédienne

Nous laisser le temps de trouver les mots

Correspondance entre Ingeborg Bachmann et Paul Celan
Adaptation: Dominique frot Mise en scène: Hans Peter Cloos et Dominique frot
Interprétation: Dominique frot et David Bennent
Production: Goethe institut of san Francisco

Extrait vidéo


extraits vidéo issues des performances du 18 et 19 octobre 2012 au Contemporary Jewish Museum de San Francisco

« Mettre deux écrivains sur le plateau qui cherchent à se parler, s’écouter, être entendu, c’est mettre les deux personnes qui porteront leurs mots, en situation de parcourir sous nos yeux, le chemin qui en crée la nécessité.
Comment deux personnes, en conscience des conséquences de ce constat de la science, que l’homme n’est pas le centre du monde, et qu’un champ est toujours ouvert ou l’homme limité et connaissant ses limites, peut flirter avec l’infini, comment ces deux êtres limités, réussiront-ils, par delà le temps, à se retenir l’un à l’autre, dans la sensation partagée qu’ils ont, de l’illimité?
Quelles paroles, quels silences, quelles asymétries et rythmes dans les échanges, quelles retraites, quelles rencontres, tisseront un espace et repère commun tel un phare dans leur nuit respective, et ce, par delà les fictions respectées et indispensables à leur survie, qu’ils auront chacun par ailleurs installées, et qui forgent leur vie privée ?
Qu’inventeront ces deux là avec les jours et les années, et les villes du monde, dans lesquelles ils projettent de se retrouver ?
Quelles frontières entre les rencontres réelles et celles rêvées ? Entre le dialogue réel et le dialogue imaginaire ? Et si le génie était la capacité de traiter comme réel des objets imaginaires ?
Quelle mémoire commune en auront-ils ? Que feront-ils de cette mémoire ?
Comment le lien entre eux, leur offrant une finitude, leur permettra de concevoir en partage l’éternité, en s’empêchant un minimum de la vivre ?
On s’amusera à extraire de leur langue, ce qui pourrait être nommé « visée sans visée »
Ne percevant pas, avant de l’avoir vécu, ce qui se définit entre eux, conçoivent-ils une autre manière de voir ce qui est susceptible d’être partagé ?
Une autre manière de voir, détermine un autre objet.
Feront ils exploser un certain enfermement, et courcircuiteront-ils, ensemble, de l’inconnu ?
Conjureront-ils, ensemble, le fait que le dépassement soit frappé d’interdiction ? »

Dominique Frot, Paris, Décembre 2011

« Tout d’abord, il y a là ces lettres d’une incroyable force, écrites de juin 1948 à octobre 1961, témoignages de l’histoire d’amour des deux poètes germanophones les plus significatifs après 1945, Ingeborg Bachmann (1926-1973) et Paul Celan (1920-1970). Le début de cette relation s’inscrit à Vienne dans l’après-guerre. Ingeborg Bachmann y est étudiante en philosophie ; Vienne est pour Paul Celan une parenthèse. Leur rencontre a lieu en mai 1948. A la fin du mois de juin, il part pour Paris. Leur correspondance se fait le témoin touchant de deux êtres s’aimant et se déchirant tout à la fois, ayant besoin l’un de l’autre, mais incapables de vivre ensemble. Cette lutte pour l’amour et l’amitié de l’autre s’inscrit dans une correspondance de presque vingt ans qui se poursuit toujours en des phases toujours plus dramatiques. Chacune de ces phases révèle son visage propre, sa tonalité spécifique, ses thématiques, ses espoirs, sa dynamique et sa forme de silence… Nous travaillerons sur une anthologie tirée de la correspondance intégrale.

Et puis il y a ces comédiens remarquables : la fragilité de Dominique Frot, belle et tout à la fois patiente et furieuse, ils vont s’emparer des lettres, les découvrir, les faire résonner, leur donner vie. Il ne s’agit pas d’une lecture, mais d’une véritable performance de leur part.

Cette performance pourra se faire au carrefour de trois langues : le français, l’allemand, et l’anglais. Si l’anglais va dominer pour l’essentiel, le français et l’allemand des deux épistoliers fera partie du spectacle.

Le décor consiste en une douzaine de chaises, ainsi qu’une toile pour les projections. Ce décor, et un plan de feux minimal, devrait pouvoir être aisément adaptable dans chaque lieu de représentation.

En portant à la scène une partie de « Herzzeit », Ingeborg Bachmann – Paul Celan – Briefwechsel (Suhrkampverlag, Frankfurt am Main 2008) avec « Lass Uns mourir Worte finden », le théâtre contemporain revisitera un passé proche. Les projections de films et d’images en mouvement, les techniques modernes de la lumière, la scénographie et les costumes, tous seront partie intégrante d’un même concept, nous rappelant que Ingeborg et Paul vivaient dans une Europe d’après deux guerres mondiales.

Je suis très heureux d’avoir été invité par Dominique Frot à me joindre à ce projet. »

Hans Peter Cloos, Paris, Décembre 2011

Ils en parlent dans la presse

Extrait de l’article par Marcia Karp, The Arts Fuse le 02 novembre 2012 (traduction française)

Article par Marcia Karp, The Arts Fuse le 02 novembre 2012

Charline, spectatrice, San Francisco

Article de Robert Avila Senior Theater Critic, San Francisco Bay Guardian

Article de John Felstiner, Stanford University (The Hebrew University at Jerusalem, Yale University) Auteur de Paul Celan: Poet, Survivor, Jew Membre de l’American Academy of Arts and Sciences

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